Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Angleterre demeura à Bourbon environ trois mois, pour tâcher de rétablir sa santé ; et la Reine lui offrit tout ce qui dépendoit du Roi et d’elle. J’ai eu l’honneur d’approcher familièrement de cette Reine malheureuse. J’ai su par elle-même le commencement et la suite de ses disgrâces ; et comme elle m’a fait l’honneur de me les conter exactement dans un lieu solitaire où la paix et le repos régnoient sans aucun trouble, j’en ai écrit les plus remarquables événemens, que j’ai cru devoir mettre ici. La digression en sera un peu longue ; mais les aventures d’un si grand roi et d’une princesse du sang de France nous touchent de si près, qu’on ne peut pas dire qu’elles soient mises hors de leur place dans des Mémoires où je ne peux pas m’empêcher d’en dire quelque chose ; et je ne puis en rien dire de plus particulier et de plus considérable que ce que cette grande princesse m’en a appris. Je la laisserai à Bourbon, où la Reine, ne se contentant pas des offres qu’elle lui avoit faites, et qui n’étoient que des complimens, lui envoya tout l’argent qui étoit nécessaire pour sa subsistance, avec de grandes sommes qu’elle fit tenir au Roi son mari. Mais comme ce malheureux prince, qui n’avoit que trop de bonté, étoit destiné à servir d’un exemple formidable à tous les rois de la foiblesse de leur puissance, et du plaisir que la fortune prend quelquefois à se jouer des couronnes et à renverser les trônes les mieux établis, pour les en ôter et les y remettre suivant son caprice, tout cela lui fut inutile.

Voici, selon ce que j’ai appris de cette princesse, quel a été le sujet de sa venue en France, et de tous