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demanda permission à sa femme de l’aller voir. Il en devint amoureux, à ce qu’on dit ; et l’inclination qu’il eut pour elle fut cause qu’il favorisa cette princesse autant qu’il le put, empêchant la Reine sa femme de la faire mourir ; et même après la mort de la Reine, qui vécut peu, il l’assista de ses forces et de ses conseils pour la faire parvenir au royaume. Elisabeth, étant déclarée reine d’Angleterre après la mort de sa sœur, eut quelque dessein de rentrer dans la religion de ses pères, qu’elle trouva rétablie dans le royaume ; mais ceux qui étoient demeurés affectionnés au libertinage et à la fausse doctrine l’en détournèrent. Ils lui remontrèrent que le Pape ayant déclaré le mariage du feu Roi son père et d’Anne de Boulen sa mère invalide, il ne pouvoit la reconnoître pour légitime, et qu’il valoit mieux qu’elle se fît maîtresse et de l’État et de la religion. Ce conseil lui plut ; et l’avant suivi, elle retrancha beaucoup de choses de la liturgie, et fit approcher sa religion de celle de l’Écosse, qui est environ comme celle de nos huguenots de France, qu’ils appellent puritains.

Le roi Jacques, fils de Marie reine d’Écosse, héritier du royaume d’Angleterre, régna après Elisabeth. Ce fut un bon prince, et fort savant. Il composa deux livres pour la défense de la fausse religion d’Angleterre, et fit réponse à ceux que le cardinal Du Perron écrivit contre lui. En défendant le mensonge, il conçut de l’amour pour la vérité, et souhaita de se retirer de l’erreur. Ce fut en voulant accorder les deux religions, la nôtre et la sienne ; mais il mourut avant que d’exécuter ce louable dessein.

Le roi Charles Stuart son fils, quand il vint à la