Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/95

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couronne, se trouva presque dans les mêmes sentimens. Il avoit auprès de lui l’archevêque de Cantorbéry, qui, dans son cœur étant très-bon catholique, inspira au Roi son maître un grand désir de rétablir la liturgie, croyant que s’il pouvoit arriver à ce point, il y auroit si peu de différence de la foi orthodoxe à la leur, qu’il seroit aisé peu à peu d’y conduire le Roi. Pour travailler à ce grand ouvrage, qui ne paroissoit au roi d’Angleterre que le rétablissement parfait de la liturgie, et qui est le seul dessein qui ait été dans le cœur de ce prince, l’archevêque de Cantorbéry lui conseilla de commencer par l’Écosse, comme plus éloignée du cœur du royaume ; lui disant que leur remuement seroit moins à craindre. Le Roi, avant que de partir, voulant envoyer cette liturgie en Écosse, l’apporta un soir dans la chambre de la Reine, et la pria de lire ce livre, lui disant qu’il seroit bien aise qu’elle le vît, afin qu’elle sût combien ils approchoient de créance. Ce livre fatal étant arrivé ne manqua pas de faire aussitôt beaucoup de bruit. Déjà les Écossais étoient mutinés contre le Roi de ce qu’il leur avoit envoyé des évêques. Il ne vouloit point qu’ils fassent simplement gouvernés par leurs ministres par paroisses, comme ils ont ici en chaque canton leur prêche. La première révolte qu’ils font, voyant les ordres du Roi, qu’ils appellent une violence faite à leur conscience, fut de chasser les évêques qu’il avoit voulu leur donner ; et ils se déclarèrent contre lui, par une grande armée qu’ils mirent en campagne. Le Roi, à cette nouvelle, ne s’étonna point : il en leva une plus grande à ses dépens pour aller contre eux. Ses sujets, qui n’étoient pas encore corrompus, l’as-