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quille. » Il me quitta pour suivre le duc d’Orléans chez le cardinal Mazarin, qui conservoit avec lui toutes les apparences d’une grande amitié. Aussitôt que la Reine fut levée, elle reçut les complimens de toutes les personnes de qualité, qui l’assurèrent de leur fidélité, et quelques parens des prisonniers furent du nombre.

La Reine envoya ordre en Catalogne, à don Joseph Marguerit et à de Marca, intendant de justice en ce pays, pour arrêter Marsin[1], qui commandoit l’armée. Il étoit créature du prince de Condé, et avoit eu cet emploi par lui : ce qui fut ponctuellement exécuté. Le parlement et les autres cours souveraines furent mandées. La Reine leur fit part des raisons qui l’avoient obligée de s’assurer de la personne de M. le prince, du prince de Conti et du duc de Longueville ; et leur en ayant dit les causes, toutes ces compagnies en parurent satisfaites.

Madame la princesse envoya supplier la Reine de lui permettre de demeurer encore un jour chez elle, et un dans les grandes Carmélites : ce qu’elle lui accorda volontiers. Pendant ces deux jours, tout ce qu’il y avoit de personnes de qualité à Paris la furent visiter, pour lui témoigner la part qu’ils prenoient à sa douleur. Cette princesse étoit en son particulier dans une grande considération. Elle lui venoit en partie par elle-même. Ses enfans ne lui faisoient guère de part de leurs desseins ni de leur autorité ; mais celle qu’ils avoient augmentait la sienne.

Le commandeur de Jars fut la voir avec les autres. Il étoit de la cabale de Châteauneuf, contraire à la maison de Condé ; mais madame la princesse le croyant

  1. Marsin : Jea-Gaspard-Ferdinand.