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homme d’honneur l’embrassa, et pleura amèrement avec lui. Elle lui dit ensuite : « Commandeur, vous avez toujours été de mes amis ; vous voyez l’état où je suis : vous puis-je faire une prière ? — Oui, madame, lui dit-il ; et pourvu que cela soit en mon pouvoir, il n’y a rien qu’un homme de bien puisse faire que je ne le fasse avec joie pour votre service. Mon pauvre fils le prince de Conti, lui dit cette princesse affligée, est infirme, délicat et incommodé : il souffrira beaucoup de n’avoir point son valet de chambre qui est propre à le servir. Je vous prie, faites en sorte avec la Reine qu’elle commande qu’on le lui envoie ; et avec cela je serai en quelque façon soulagée. » Le commandeur de Jars, ayant un vrai cœur de gentilhomme, partit d’auprès d’elle à dessein de lui rendre ce petit service, et dans le même moment il alla faire cette supplication à la Reine. Il lui conta les mêmes choses que lui avoit dites madame la princesse ; ce qui fut reçu de la Reine avec bonté : si bien que le même jour le valet de chambre fut envoyé au bois de Vincennes pour le soulagement du prince de Conti, que madame sa mère aimoit alors avec de grandes tendresses.

Le duc de Beaufort et le coadjuteur n’avoient point encore vu le Roi et la Reine, à cause qu’ils étaient accusés d’un crime, et qu’il falloit suivre l’ordre de leur justification. Ils allèrent ce jour 21 du mois au Palais, pour y être lavés de toutes leurs taches. Il est aisé de juger qu’ils en revinrent revêtus de la robe d’innocence, et qu’ils y allèrent sans nulle inquiétude d’être condamnés, quoi que pût dire alors le nouveau prisonnier Martineau.