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gogne pour affermir entièrement l’autorité du Roi par la prise de Bellegarde, qui tenoit pour le prince de Condé. Elle partit le 5 de mars, suivie seulement de ses dames, de la princesse de Carignan, et de la princesse Louise sa fille.

Le cardinal demeura un jour après la Reine, pour se recommander aux charitables soins de madame de Chevreuse, de Laigues, du coadjuteur, et des principaux chefs de cette troupe. Les choses étoient si troublées, l’orage paroissoit si près d’éclater, et les prophéties étoient si funestes, que ce jour beaucoup de gens, de part et d’autre, crurent que le cardinal seroit assassiné, et plusieurs avis lui en furent donnés. Il partit enfin, et laissa dans Paris le duc d’Orléans, le garde des sceaux, et toute la secte frondeuse. Le Tellier et Servien, employés par la Reine dans le secret des affaires, y demeurèrent aussi pour servir le Roi, et pour être les champions fidèles du ministre contre ses mauvais amis. Les politiques remarquèrent qu’en parlant de Paris ce ministre, plein de finesse, avoit témoigné beaucoup de bonne volonté au serviteurs des princes, et que, voulant peut-être donner de la crainte à la cabale d’Orléans, il avoit affecté de bien traiter ceux du parti contraire, pour leur montrer que s’ils en usoient mal avec lui, il pourroit se défendre de leur oppression par M. le prince. Dans ce même temps, parlant du prince de Condé, il dit publiquement de lui une chose fort remarquable : Qu’il auroit été le plus grand homme du monde, et le plus heureux, s il avoit pu croire que la Reine étoit capable de faire ce qu’elle avoit fait.

La Reine en partant donna à Comminges le gouver-