Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 39.djvu/7

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pris où il s’imaginoit que le cardinal étoit tombé, et des flatteries de ses courtisans qui, en lui parlant du ministre, l’appeloient toujours son esclave.

Il y eut ce même jour des personnes qui avoient été dans les intérêts de M. le prince qui me dirent, parlant des causes de sa prison, que, de l’aveu du ministre, il avoit promis pendant la guerre le Pont-de-l’Arche au duc de Longueville, afin de l’attirer par cet espoir au parti du Roi ; et qu’à la paix cette promesse avoit été confirmée entre eux. Ils y ajoutoient qu’il y avoit eu avant la guerre une négociation secrète entre le cardinal Mazarin et le duc de Longueville, par où le ministre avoit fait espérer à ce prince le Havre-de-Grâce, moyennant qu’il fît en sorte avec le prince de Condé, son beau-frère, que mademoiselle d’Alais[1], fille du duc d’Angoulême, sa cousine germaine, épousât son neveu Mancini ; que le cardinal, pour lui pouvoir donner des qualités qui le pussent rendre digne mari d’une princesse qui portoit le nom de Valois, comme petite-fille d’un bâtard de Charles ix et nièce de madame la princesse, avoit proposé de lui donner la souveraineté de Charleville et l’amirauté ; mais que le prince de Condé, ne voulant point manquer de parole au duc de Joyeuse, frère du duc de Guise, à qui il avoit promis mademoiselle d’Alais, rompit ce traité, et ne voulut point en entendre parler, d’autant plus volontiers qu’il souhaitoit cette souveraineté pour lui-même.

M. le prince, dans la suite des temps, se servit de ces mêmes choses pour dire qu’il n’étoit pas criminel

  1. Mademoiselle d’Alais : Marie-Françoise, fille de Louis de Valois, petit-fils de Charles ix.