jour ; M. de Turenne étoit plus que satisfait de commander les armées d’Allemagne ; M. d’Epernon[1] étoit ravi d’être rentré dans son gouvernement et dans sa charge ; M. de Schomberg avoit été toute sa vie inséparable de tout ce qui étoit bien à la cour ; M. de Gramont[2] en étoit esclave ; et messieurs de Retz, de Vitry et de Bassompierre se croyoient, au pied de la lettre, en faveur, parce qu’ils n’étoient plus ni prisonniers ni exilés. Le parlement, délivré du cardinal de Richelieu qui l’avoit tenu fort bas, s’imaginoit que le siècle d’or seroit celui d’un ministre qui leur disoit tous les jours que la Reine ne se vouloit conduire que par leurs conseils. Le clergé, qui donne toujours l’exemple de la servitude, la prêchoit aux autres sous le titre d’obéissance. Voilà comme tout le monde se trouva en un instant mazarin.
Ce plan vous paroîtra peut-être avoir été bien long ; mais je vous prie de considérer qu’il contient les quatre premières années de la régence, dans lesquelles la rapidité du mouvement donné à l’autorité royale par M. le cardinal de Richelieu, soutenue par les circonstances que je viens de vous marquer, et par les avantages continuels remportés sur les ennemis, maintint toutes les choses dans l’état où vous les voyez. Il y eut, la troisième et la quatrième année, quelques petits nuages entre Monsieur et M. le duc pour des bagatelles ; il y en eut entre M. le duc et M. le cardinal Mazarin pour la charge d’amiral, que le premier prétendit par la mort de M. le duc de