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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/179

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DU CARDINAL DE RETZ.

sur le don que l’on a coutume de faire au Roi, je fus bien aise de témoigner à la Reine, par la complaisance que je me résolus d’avoir pour elle en cette rencontre, que la résistance à laquelle ma dignité m’avoit obligé dans les deux précédentes ne venoit d’aucun principe de méconnoissance. Je me séparai de la bande des zélés, à la tête desquels étoit M. de Sens ; je me joignis à messieurs d’Arles et de Châlons, qui ne l’étoient pas moins en effet, mais qui étoient aussi plus sages. Je vis même avec le premier M. le cardinal, qui demeura très-satisfait de moi, et qui dit publiquement le lendemain qu’il ne me trouvoit pas moins ferme pour le service du Roi que pour l’honneur de mon caractère. L’on me chargea de la harangue qui se fait toujours à la fin de l’assemblée, et de laquelle je ne vous dis pas le détail[1], parce qu’elle est imprimée. Le clergé en fut content, la cour s’en loua, et M. le cardinal Mazarin me mena au sortir souper tête à tête avec lui. Il me parut pleinement désabusé des impressions que l’on avoit voulu lui donner contre moi ; et je crois dans la vérité qu’il croyoit l’être. Mais j’étois trop bien à Paris pour être long-temps bien à la cour. C’étoit là mon crime dans l’esprit d’un Italien politique par livre ; et ce crime étoit d’autant plus dangereux, que je n’oubliois rien pour l’aggraver par une dépense naturelle, non affectée, et à laquelle la négligence même donnoit du lustre ; par de grandes aumônes et par des libéralités fort souvent sourdes, mais dont l’écho n’en étoit quelquefois que plus résonnant. Ce qui est de vrai, c’est que je ne pris

  1. Je ne vous dis pas le détail : Nous en avons placé l’extrait dans la Notice qui précède ces Mémoires.