Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
MÉMOIRES

d’abord cette conduite que par la pente de mon inclination, et par la pure vue de mon devoir. La nécessité de me soutenir contre la cour m’obligea de la suivre, et même de la renforcer. Mais nous n’en sommes pas encore à ce détail, et ce que j’en marque en ce lieu n’est que pour vous faire voir que la cour prit ombrage de moi dans le temps même où je n’avois pas seulement fait réflexion que je lui en pusse donner. Cette considération est une de celles qui m’ont obligé de vous dire quelquefois que l’on est plus souvent dupe par la défiance que par la confiance. Enfin celle que le ministre prit de l’état où il me voyoit à Paris, et qui l’avoit déjà porté à me faire les pièces que vous avez vues ci-dessus, l’obligea encore, après les radoucissemens de Fontainebleau, à m’en faire une nouvelle trois mois après.

M. le cardinal de Richelieu avoit dépossédé M. l’évêque de Léon[1], de la maison de Rieux, avec des formalités tout-à-fait injurieuses à la dignité et à la liberté de l’Église de France. L’assemblée de 1645 entreprit de le rétablir ; la contestation fut grande : M. le cardinal Mazarin, selon sa coutume, céda, après avoir beaucoup disputé ; il vint lui-même dans l’assemblée porter parole de la restitution, et l’on se sépara sur celle qu’il donna publiquement de l’exécuter dans trois mois. Je fus nommé en sa présence pour solliciter l’expédition, comme celui de qui le séjour étoit le plus assuré dans Paris. Il donna dans la suite toutes sortes de démonstrations qu’il tiendroit fidèlement sa parole ; il me fit écrire deux ou trois

  1. René de Rieux, rétabli dans sa dignité, et mort peu de temps après, le 8 mars 1651. (A. E.)