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DU CARDINAL DE RETZ.

vent jour à en sortir (ce qui ne manque jamais lorsqu’il est venu jusqu’à un certain point), ils sont si surpris, si aises et si emportés, qu’ils passent tout d’un coup à l’autre extrémité, et que, bien loin de considérer les révolutions comme impossibles, ils les croient faciles : et cette disposition toute seule est quelquefois capable de les faire. Nous avons éprouvé et senti toutes ces vérités dans notre révolution. Qui eût dit, trois mois avant la petite pointe des troubles, qu’il en eût pu naître dans un État où la maison royale étoit parfaitement unie, où la cour étoit esclave du ministre, où les provinces et la capitale lui étoient soumises, où les armées étoient victorieuses, où les compagnies paroissoient de tout point impuissantes ? Qui l’eût dit eût passé pour un insensé : je ne dis pas dans l’esprit du vulgaire, mais je dis entre les d’Estrées et les Senneterre. Il paroît un peu de sentiment, une lueur ou plutôt une étincelle de vie ; et ce signe de vie, dans le commencement presque imperceptible, ne se donne point par Monsieur, il ne se donne point par M. le prince, il ne se donne point par les grands du royaume, il ne se donne point par les provinces : il se donne par le parlement, qui jusqu’à notre siècle n’avoit jamais commencé de révolution, et qui certainement auroit condamné par des arrêts sanglans celle qu’il faisoit lui-même, si tout autre que lui l’eût commencée.

Il gronda sur l’édit du tarif ; et aussitôt qu’il eut seulement murmuré, tout le monde s’éveilla. On chercha en s’éveillant, comme à tâtons, les lois ; on ne les trouva plus. L’on s’effara, l’on cria, l’on se les demanda ; et, dans cette agitation, les questions que les explications firent naître, d’obscures