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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/205

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DU CARDINAL DE RETZ.

M. d’Orléans y vint encore quelques jours après porter une troisième déclaration, par laquelle le Roi vouloit qu’il ne se fît plus aucunes levées d’argent qu’en vertu des déclarations vérifiées au parlement. Rien ne paroissoit plus spécieux ; mais comme la compagnie savoit qu’on ne pensoit qu’à l’amuser et qu’à autoriser par le passé toutes celles qui n’y avoient pas été vérifiées, elle ajouta la clause de défense que l’on ne lèveroit rien en vertu de celles qui se trouveroient de cette nature. Le ministre, désespéré du peu de succès de ses artifices, de l’inutilité des efforts qu’il avoit faits pour semer de la jalousie entre les quatre compagnies, et d’une proposition sur laquelle on étoit près de délibérer, qui alloit à la radiation de tous les prêts faits au Roi sous des usures immenses ; le ministre, dis-je, outré de rage et de douleur, et poussé par tous les courtisans, qui avoient mis presque tous leurs biens dans ces prêts, se résolut à un expédient qu’il crut décisif, et qui lui réussit aussi peu que les autres. Il fit monter le Roi à cheval, pour aller au parlement en grande pompe ; et il y porta une déclaration remplie des plus belles paroles du monde, de quelques articles utiles au public, et de beaucoup d’autres très-obscurs et très-ambigus. La défiance que le peuple avoit de toutes les démarches de la cour fit que cette entrée ne fut pas accompagnée de l’applaudissement ni même des cris accoutumés : les suites n’en furent pas plus heureuses. La compagnie commença dès le lendemain à examiner la déclaration, et à la contrôler presque en tous ses points, mais particulièrement en celui qui défendoit aux compagnies de continuer leurs assemblées de la chambre