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[1648] MÉMOIRES

de Saint-Louis. Elle n’eut pas plus de succès dans la chambre des comptes et dans la cour des aides, dont les premiers présidens firent des harangues très-fortes à Monsieur et à M. le prince de Conti. Le premier vint quelques jours de suite au parlement, pour l’exhorter à ne point toucher à la déclaration. Il menaça, il pria ; enfin, après des efforts incroyables, il obtint que l’on surseoiroit à délibérer jusqu’au 17 du mois : après quoi l’on continueroit incessamment à le faire, tant sur la déclaration que sur les propositions de la chambre de Saint-Louis. L’on n’y manqua pas : on examina article par article ; et l’arrêt donné par le parlement sur le troisième désespéra la cour. Il portoit, en modifiant la déclaration, que toutes les levées d’argent, ordonnées par déclarations non vérifiées, n’auroient point de lieu. M. le duc d’Orléans ayant encore été au parlement pour l’obliger à adoucir cette clause, et n’y ayant rien gagné, la cour se résolut à en venir aux extrémités, et à se servir de l’éclat que la bataille de Lens fit justement dans ce temps-là pour éblouir les peuples, et pour les obliger de consentir à l’oppression du parlement. Voilà un crayon très-léger d’un portrait bien sombre et bien désagréable, qui vous a représenté dans un nuage, et comme en raccourci, les figures si différentes et les postures bizarres des principaux corps de l’État. Ce que vous allez voir est d’une peinture plus égayée : les factions et les intrigues y donneront du coloris.

[1648] La nouvelle de la victoire de M. le prince à Lens arriva à la cour le 24 d’août 1648. Châtillon l’apporta ; et il me dit, un quart-d’heure après qu’il fut