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DU CARDINAL DE RETZ. [1648]

retirer les gens de guerre du voisinage ; que l’on prieroit les princes, ducs et pairs d’entrer en parlement pour y délibérer sur les affaires nécessaires au bien de l’État ; et que le prévôt des marchands et les échevins seroient mandés pour recevoir les ordres touchant la sûreté de la ville.

Le premier président, qui parloit presque toujours avec vigueur pour les intérêts de sa compagnie, mais qui étoit dans le fond pour celui de la cour, me dit, un moment après qu’il fut sorti du Palais : « N’admirez-vous pas ces gens-ci ? Ils viennent de donner un arrêt qui peut fort bien produire la guerre civile ; et parce qu’ils n’y ont pas nommé le cardinal, comme Novion, Viole et Blancménil le vouloient, ils croient que la Reine leur en doit de reste. » Je vous rends compte de ces minuties, parce qu’elles vous font mieux connoître l’état et le génie de cette compagnie, que des circonstances plus importantes.

Le président Le Coigneux, que je trouvai chez M. le premier président, me dit tout bas : « Je n’ai espérance qu’en vous ; nous serons perdus si vous n’agissez sous terre, » J’y agissois effectivement : car j’avois travaillé toute la nuit avec Saint-Ibal à une instruction avec laquelle je faisois état de l’envoyer à Bruxelles pour traiter avec le comte de Fuensaldagne, et l’obliger de marcher à notre secours en cas de besoin, avec l’armée d’Espagne. Je ne pouvois pas l’assurer du parlement ; mais je m’engageois, en cas que Paris fût attaqué et que le parlement pliât, de me déclarer, et de faire déclarer le peuple. Le premier coup étoit sûr ; mais il eût été très-difficile à soutenir sans le parlement. Je le voyois bien ; mais