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[1649] MÉMOIRES

roit fortune parce que la compagnie se déclarant pour l’affirmative, comme elle fut sur le point de le faire, elle déchiroit le voile qui couvre le mystère de l’État. Chaque monarchie a le sien : celui de la France consiste dans une espèce de silence religieux et sacré dans lequel on ensevelit, en obéissant presque toujours aveuglément aux rois, le droit que l’on ne veut croire avoir de s’en dispenser, que dans les occasions où il ne seroit pas même de leur service de plaire à leurs rois. Ce fut un miracle que le parlement ne levât pas dernièrement ce voile, et ne le levât pas en forme et par arrêt : ce qui seroit bien d’une conséquence plus dangereuse et plus funeste que la liberté que les peuples ont prise depuis quelque temps de voir à travers. Si cette liberté, qui est déjà dans la salle du Palais, étoit passée jusque dans la grand’chambre, elle feroit des lois révérées de ce qui n’est encore que question problématique, et de ce qui n’étoit il n’y a pas long-temps qu’un secret, ou inconnu, ou du moins respecté. Votre Altesse n’empêchera pas, par la force des armes, les suites du malheureux état que je vous marque, et dont nous ne sommes peut-être que trop proches. Elle voit que le parlement même a peine de retenir les peuples qu’il a éveillés : elle voit que la contagion se glisse dans les provinces, et que la Guienne et la Provence donnent déjà très-dangereusement l’exemple qu’elles ont reçu de Paris. Tout branle, et Votre Altesse seule est capable de fixer ce mouvement par l’éclat de sa naissance, par celui de sa réputation, et par la persuasion générale où on est