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du côté le moins riche, parce qu’il y a apparence qu’il est le plus oppressé ; faites-vous justice à vous-même dans vos intérêts, afin que vos officiers n’aient pas lieu de se persuader qu’ils vous puissent plaire en faisant des injustices pour votre service. » Au premier coup d’œil, ces conseils paroissent mesurés ; mais on doit remarquer que dans ce moment le parlement de Paris étoit en pleine révolte contre la cour ; qu’il tenoit des assemblées malgré les ordres précis du Roi ; qu’au lieu de rendre la justice, il ne s’occupoit que d’affaires politiques ; qu’il annonçoit hautement la prétention de réformer l’État ; et qu’enfin il se servoit, dans ses remontrances, à peu près des mêmes expressions que le coadjuteur mettoit dans la bouche de saint Louis. Cette observation si naturelle n’échappa point à ceux qui vouloient que l’autorité royale fût maintenue : car Joly, après avoir dit que ce discours obtint de grands applaudissemens de la part des mécontens, remarque qu’à la cour il fut trouvé emporté et séditieux.

Le lendemain du jour où ce panégyrique fut prononcé, le Roi alla en grande pompe à Notre-Dame, entendre un Te Deum qui fut chanté à l’occasion de la victoire de Lens. Après cette cérémonie, deux des magistrats les plus opposés au ministre furent arrêtés. Le peuple, depuis long-temps agité par le coadjuteur, se souleva au même instant ; des barricades furent placées dans les rues, et la foule en armes se porta au Palais-Royal, pour demander la liberté des prisonniers. Anne d’Autriche étoit décidée à soutenir avec vigueur une mesure dont la nécessité lui étoit démontrée ; et ni les clameurs de la populace, ni la