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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

dre de M. le prince de Conti et de M. de Longueville. Madame de Longueville fut de ce sentiment, et Noirmoutier partit sur les six heures du soir.

Le lendemain au matin, qui fut le lendemain de la fête des Rois, c’est-à-dire le 7 janvier, La Sourdière, lieutenant des gardes du corps, entra dans le parquet des gens du Roi, et leur donna une lettre de cachet adressée à eux, par laquelle le Roi leur ordonnoit de dire à la compagnie qu’il lui commandoit de se transporter à Montargis, et d’y attendre ses ordres. Il y avoit aussi entre les mains de La Sourdière un paquet fermé pour le parlement, et une lettre pour le premier président. Comme l’on n’avoit pas lieu de douter du contenu, que l’on devinoit assez par celui de la lettre écrite aux gens du Roi, l’on crut qu’il seroit plus respectueux de ne point ouvrir un paquet auquel on étoit déterminé par avance de ne pas obéir. On le rendit donc tout fermé à La Sourdière, et l’on arrêta d’envoyer les gens du Roi à Saint-Germain pour assurer la Reine de l’obéissance du parlement, et pour la supplier de lui permettre de se justifier de la calomnie qui lui avoit été faite dans cette lettre écrite la veille au prévôt des marchands.

Pour soutenir un peu la dignité, l’on ajouta dans l’arrêt que la Reine seroit très-humblement suppliée de vouloir nommer les calomniateurs, pour être precédé contre eux selon la rigueur des ordonnances. La vérité est que l’on eut bien de la peine à y faire insérer cette clause ; que toute la compagnie étoit fort consternée, même au point que Broussel, Charton, Viole, Loisel, Amelot, et cinq autres, des noms desquels je ne me souviens pas, et qui ouvrirent