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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

n’est pas fort ordinaire dans notre histoire, reprenonslà d’un peu plus loin.

Vous avez déjà vu que Saint-Ibal, qui avoit correspondance avec le comte de Fuensaldagne, m’avoit pressé de temps en temps de lier commerce avec lui, et je vous ai aussi rendu compte des raisons qui m’en avoient empêché. Comme je vis que nous étions assiégés, que le cardinal envoyoit Vautorte en Flandre pour commencer quelques négociations avec les Espagnols, et que je connus que notre parti étoit assez formé pour n’être pas chargé en mon particulier de l’union avec les ennemis de l’État, je ne fus plus si scrupuleux. Je fis écrire à Saint-Ibal, qui n’étoit plus en France, et qui tantôt étoit à La Haye, tantôt à Bruxelles, qu’en l’état où étoient les affaires, je croyois pouvoir écouter avec honneur les propositions que l’on me pourroit faire pour le secours de Paris ; que je le priois toutefois de faire en sorte que l’on ne s’adressât pas à moi directement, et que je ne parusse en rien de ce qui seroit public. Ce qui m’engagea d’écrire en ce sens à Saint-Ibal fut qu’il m’avoit fait dire lui-même par Montrésor que les Espagnols, qui savoient qu’il n’y avoit que moi à Paris qui fût proprement maître du peuple, et qui voyoient que je ne leur faisois pas parler, commençoient à s’imaginer que je pouvois avoir quelques mesures à garder à la cour qui m’en empêchoient ; et qu’ainsi ne comptant rien à l’égard de Paris sur les autres généraux, ils pourroient bien donner dans les offres immenses que le cardinal leur faisoit faire tous les jours. Je connus par un mot que madame de Bouillon laissa échapper, qu’elle en savoit autant que Saint-Ibal ; et, de concert