Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/363

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
361
DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

lement. Nous ordonnerons des taxes, nous lèverons de l’argent ; et il n’y aura qu’une différence, qui sera que la haine et l’envie que nous contracterons dans le tiers de Paris, c’est-à-dire dans le plus gros des bourgeois, attachés en je ne sais combien de manières différentes à cette compagnie dès que nous l’aurons attaquée, diminuée ou abattue ; que cette haine, dis-je, et cette envie produiront et achèveront contre nous dans les deux autres tiers, en huit jours, ce que six semaines n’ont encore que commencé contre le parlement. Nous avons dans la Ligue un exemple fameux de ce que je viens de vous dire. M. de Mayenne trouvant dans le parlement cet esprit que vous lui voyez, et qui va toujours à unir les contradictions, et à faire la guerre civile selon les conclusions des gens du Roi, se lassa bientôt de ce pédantisme. Il se servit, quoique ouvertement, des Seize, qui étoient les quarteniers de la ville, pour abattre cette compagnie : mais il fut obligé de faire pendre dans la suite quatre de ces Seize qui étoient trop attachés à l’Espagne. Ce qu’il fît en cette occasion, pour être moins dépendant de cette couronne, fit qu’il en eut plus de besoin pour se soutenir contre le parlement, dont les restes commençoient à se relever. Qu’arriva-t-il de tous ces inconvéniens ? M. de Mayenne fut obligé de faire un traité qui a fait dire à toute la postérité qu’il n’avoit su faire ni la paix ni la guerre. Voilà le sort de M. de Mayenne, chef d’un parti formé pour la défense de la religion, cimenté par le sang de messieurs de Guise, tenus universellement pour les Maccabées de leurs temps ; d’un parti qui répandu dans les pro-