avoit dessein de jeter dans la rivière toutes les farines de Gonesse et des environs, parce que les paysans en apportoient une fort grande quantité dans la ville. Nous les prévînmes ; l’on sortit avec toutes les troupes, entre neuf et dix heures du soir ; on passa toute la nuit en bataille devant Saint-Denis, pour empêcher le maréchal Du Plessis[1], qui y étoit avec huit cents chevaux, composés de la gendarmerie, d’incommoder notre convoi. On prit tout ce qu’il y avoit de chariots, de charrettes et de chevaux dans Paris, Le maréchal de La Mothe se détacha avec mille chevaux ; il enleva tout ce qu’il trouva dans Gonesse et dans tout le pays, et rentra dans la ville sans avoir perdu un seul homme ni un seul cheval. Les gendarmes de la Reine donnèrent sur la queue du convoi, mais ils furent repoussés par Saint-Germain d’Apchon[2] jusque dans la rivière de Saint-Denis.
Le même jour, Flamarin[3] arriva à Paris pour faire compliment de la part de M. le duc d’Orléans à la reine d’Angleterre sur la mort du Roi[4] son époux, que l’on n’avoit apprise que trois ou quatre jours auparavant. Ce fut là le prétexte du voyage de Flamarin ; en voici la cause. La Rivière, de qui il étoit intime, se mit dans l’esprit de lier commerce par son moyen avec M. de La Rochefoucauld, avec lequel Flamarin avoit aussi beaucoup d’habitude. Je savois de moment à autre tout ce qui se passoit entre eux, parce que Flamarin, qui étoit amoureux de madame
- ↑ César, duc de Choiseul, comte Du Plessis-Praslin, maréchal de France en 1645, mort en 1657. (A. E.)
- ↑ …… Saint-Germain, comte d’Apchon. (A. E.)
- ↑ Flamarin : Antoine-Agésilan de Grossoles, marquis de Flamarin, mort en 1652.
- ↑ Charles Stuart, premier du nom, roi d’Angleterre, décapité le 9 février 1649. (A. E.)
