Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/413

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
411
DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

sident de Mesmes coiiroient à tout ce qui paroissoit acommodenient.

Celle du 8 mars fut très-considérable. M. le prince de Conti dit au parlement que M. de Bouillon, que la goutte avoit repris, l’avoit prié de dire à la compagnie que M. de Turenne lui offroit sa personne et ses troupes contre le cardinal Mazarin, l’ennemi de l’État. J’ajoutai que comme je venois d’être averti que l’on avoit dressé la veille une déclaration à Saint-Germain, par laquelle M. de Turenne étoit déclaré criminel de lèse-majesté, je croyois qu’il étoit nécessaire de casser cette déclaration ; d’autoriser ses armes par un arrêt solennel ; d’enjoindre à tous les sujets du Roi de lui donner passage et subsistance ; et de travailler en diligence, à lui faire un fonds pour le paiement de ses troupes, et pour prévenir le mauvais effet que huit cent mille livres, que la cour venoit d’envoyer à Erlac pour les débaucher, y pourroit produire. Cette proposition passa tout d’une voix. La joie qui parut dans les yeux et dans les avis de tout le monde ne se peut exprimer. On donna un arrêt sanglant contre Courcelles, Lavardin et Amilly, qui faisoient des troupes pour le Roi dans le pays du Maine. On permit aux communes de s’assembler au son du tocsin, et de courir sus à tous ceux qui feroient des assemblées sans ordre du parlement.

Ce ne fut pas tout. Le président de Bellièvre ayant dit à la compagnie qu’il avoit reçu une lettre du premier président, par laquelle il l’assuroit que ni lui ni les autres députés ne feroient rien qui fût indigne de la confiance qu’elle leur avoit témoignée, il s’éleva un cri plutôt qu’une voix publique, qui ordonna au pré-