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[1649] MÉMOIRES

faire la paix ; que tous les efforts par lesquels on pretendoit l’arrêter l’y précipiteroient, et qu’il falloit délibérer sur ce principe. La contestation s’échauffant, M. de Bellièvre proposa d’écrire ce qui se diroit de part et d’autre. Voici ce que je lui dictai, et ce que j’avois encore de sa main cinq ou six jours avant que je fusse arrêté. Il en eut quelque scrupule ; il me le demanda ; je le lui rendis, et ce fut un grand bonheur pour lui : car je ne sais si cette paperasse, qui eût été prise, ne lui auroit point nui quand on le fit premier président.

« Je vous ai dit plusieurs fois que toute compagnie est peuple, et qu’ainsi tout y dépend des instans Vous l’avez éprouvé peut-être plus de cent fois depuis deux mois ; et si vous aviez assisté aux assemblées du parlement, vous l’auriez observé plus de mille. Ce que j’y ai remarqué de plus, c’est que les propositions n’y ont qu’une fleur, et que telle qui y plaît fort aujourd’hui y déplaît demain à proportion. Ces raisons m’ont obligé jusqu’ici à vous presser de ne pas manquer l’occasion de la déclaration de M. de Turenne, pour engager le parlement d’une manière qui le puisse fixer. Rien ne pouvoit produire cet effet que la proposition de la paix générale, qui nous donnoit lieu de demeurer armés dans le temps de la négociation.

« Quoique don Gabriel ne soit pas Français, il sait assez nos manières pour ne pas ignorer qu’une proposition de cette nature, qui va à faire faire la paix à son roi malgré son consentement, demande de grands préalables dans un parlement, au moins