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[1649] MÉMOIRES

nous en ont dit eux-mêmes aujourd’hui dans la grand’chambre. L’armée de M. de Longueville ? Vous savez ce que c’est : nous la disons de sept mille hommes de pied et de trois mille chevaux, et nous ne disons pas vrai de plus de la moitié ; et vous n’ignorez pas que nous l’avons tant promise et que nous l’avons si peu tenue, que nous n’en oserions plus parler. À quoi nous servira donc de faire au parlement la proposition de la paix générale, qu’à lui faire croire et dire que nous n’en parlons que pour rompre la particulière ? ce qui sera le vrai moyen de la faire désirer à ceux qui n’en veulent point. Voilà l’esprit des compagnies, et plus de celle-là que de toute autre. Si nous exécutons ce que nous avions résolu, nous n’aurons pas quarante voix qui aillent à ordonner aux députés de revenir à Paris, en cas que la cour refuse ce que nous lui proposerons. Tout le reste n’est que paroles qui n’engageront à rien le parlement, dont la cour sortira aussi par des paroles  ; et nous ferons croire à tout Paris et à Saint-Germain que nous avons un très-grand concert avec l’Espagne. »

Le président de Bellièvre ayant lu notre écrit en présence de M. et de madame de Bouillon, et de M. de Brissac qui revenoit du camp, nous nous aperçûmes en moins de rien que don Gabriel, qui y étoit aussi présent, n’avoit pas plus de connoissance de nos affaires que nous en pouvions avoir de celles de Tartarie : de l’esprit, de l’enjouement, de l’agrément, peut-être même de la capacité ; mais je n’ai guère vu d’ignorance plus crasse, au moins par rapport aux