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médecins du cardinal rejetèrent cette proposition. Plusieurs saignées qu’ils prescrivirent enlevèrent ce qui lui restoit de forces, et il étoit à l’agonie lorsque Talbot fut appelé. Il mourut le 24 août 1679, âgé de soixante-cinq ans ; et l’on transporta son corps à Saint-Denis, dont il fut le dernier abbé. Peu de temps après, Louis xvi affecta les revenus de cette riche abbaye à la dotation de Saint-Cyr, l’un des plus beaux et des plus utiles établissemens de son règne.

Quelques personnes ont pensé que le cardinal de Retz avoit avancé ses jours, et elles se sont fondées sur le passage d’une lettre que madame de Sévigné écrivit à sa fille au mois de mai de l’année suivante. Ayant fait un voyage en Bretagne, elle s’arrêta quelques jours à Nantes ; et le château d’où Retz s’étoit évadé en 1654 lui rappela cet homme, dont la perte étoit encore récente. « Je ne puis, dit-elle, passer devant ce château que je ne me souvienne de ce pauvre cardinal et de sa funeste mort, encore plus funeste que vous ne le sauriez penser. » Ces dernières expressions ne peuvent se rapporter au genre de mort du cardinal, puisque madame de Grignan avoit été, comme madame de Sévigné, témoin de ses derniers momens. L’explication toute naturelle s’en trouve dans une lettre du 25 août de la même année. En pensant à ce triste anniversaire, elle dit à sa fille : « Il y a bientôt un an que je vous ai quittée et ce fut comme hier que le petit marquis (de Grignan) fit une grande perte. » Il est clair que dans sa première lettre madame de Sévigné a voulu dire que la mort du cardinal fut très-funeste à la fortune du jeune marquis, en faveur duquel il avoit l’in-