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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

mais je maintiens que quand il ne vous conviendroit pas de le prendre, il vous convient toujours que je le prenne parce qu’il facilitera votre accommodement, en vous donnant plus de temps pour le traiter avant que la paix se conclue et en tenant après qu’elle le sera, le Mazarin en état d’avoir plus d’égards pour ceux dont il pourra appréhender la réunion avec moi. »

M. de Bouillon, qui avoit toujours dans la tête qu’il pourroit trouver sa place dans l’extrémité, sourit à ces dernières paroles. Il me dit « Vous m’avez tantôt fait la guerre de la figure de rhétorique de Barneveldt : Je vous le rends car vous supposez par votre raisonnement qu’il faut laisser faire la paix, et c’est ce qui est en question, parce que nous pouvons soutenir la guerre en nous rendant maîtres du parlement par le peuple. — Je ne vous ai parlé, monsieur, lui répondis-je, que sur ce que vous m’avez dit qu’il ne falloit plus contester sur ce point, et que vous désiriez simplement d’être éclairci du détail de mes vues sur la proposition que je vous faisois : vous revenez présentement au gros de la question. — Nous n’en sommes pas persuadés, reprit-il ; et voulez-vous bien vous en rapporter au plus de voix ? — De tout mon cœur, lui répondis-je. Il n’y a rien de plus juste, nous sommes dans le même vaisseau ; il faut périr pu se sauver tous ensemble. Voilà M. de Beaufort qui est dans le même sentiment ; et quand lui et moi serions encore plus maîtres du peuple que nous le sommes, je crois que lui et moi mériterions d’être déshonorés, si nous nous servions de notre crédit, je ne dis pas pour