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[1649] MÉMOIRES

abandonner, mais pour forcer le moindre homme du parti à ce qui ne seroit pas de son avantage. Je me conformerai à l’avis commun, je le signerai de mon sang, à condition que vous ne serez pas dans la liste de ceux à qui je m’engagerai car je suis assez engagé, comme vous savez, par le respect et par l’amitié que j’ai pour vous. » M. de Beaufort nous réjouit sur cela de quelques apophthegmes, qui ne manquoient jamais dans les occasions où ils étoient le moins requis.

M. de Bouillon, qui savoit que son avis ne passeroit pas à la pluralité, et qui ne m’avoit proposé de l’y mettre que parce qu’il croyoit que j’en appréhenderois la commission, me dit sagement « Vous savez que ce ne seroit ni votre compte ni le mien de discuter ce détail en ce moment, où nous sommes en présence de gens qui en pourroient abuser. Vous êtes trop sage, et je ne suis pas assez fou, pour leur porter cette matière aussi peu digérée qu’elle l’est encore. Approfondissons-la avant qu’ils puissent seulement s’imaginer que nous la traitions. Votre intérêt n’est pas à vous rendre maître de Paris par le peuple le mien n’est pas à laisser faire la paix sans m’accommoder. Demandez, ajouta-t-il, à M. le maréchal de La Mothe si mademoiselle de Touci y consentirait pour lui ? » (M. de La Mothe étoit amoureux de mademoiselle de Touci on croyoit alors qu’il l’épouseroit plus tôt qu’il ne fit.) M. de Bouillon, qui vouloit me marquer que la considération de madame sa femme ne lui permettoit pas de prendre pour lui le parti que je lui avois proposé, et ne vouloit pas le marquer aux autres se servit de cette manière pour