Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

commandoit trois cents hommes pour les Bordelais ; et le cardinal le fit pendre à Libourne, à cent pas du logis du Roi. M. de Bouillon fit pendre par représailles Canolle, officier dans l’armée de M. de La Meilleraye. Il attaqua ensuite l’île de Saint-Georges, qui fut peu défendue par La Mothe de Las, et où le chevalier de La Valette[1] fut blessé à mort. Il assiégea après cela Bordeaux dans les formes ; et ensuite d’un grand combat il emporta le faubourg de Saint-Surin, où Saint-Mesgrin et Roquelaure, lieutenans généraux dans l’armée du Roi, firent très-bien. M. de Bouillon n’oublia rien de tout ce qu’on pouvoit attendre d’un sage politique et d’un grand capitaine. M. de La Rochefoucauld signala son courage dans tout le cours de ce siége, et particulièrement à la défense de la demi-lune, où il y eut assez de carnage : mais il fallut enfin céder au plus fort. Le parlement et le peuple, ne voyant pas le secours d’Espagne, obligèrent les gens de guerre à capituler, ou pour mieux dire, à faire une espèce de paix. Gourville qui alla trouver, de la part des assiégés, la cour qui s’étoit avancée à Bourg, et les députés du parlement, convinrent de ces conditions : Que l’amnistie générale seroit accordée à tous ceux qui avoient pris les armes, et négocié avec l’Espagne sans exception ; que tous les gens de guerre seroient licenciés, à la réserve de ceux qu’il plairoit au Roi de retenir à sa solde ; que madame la princesse avec M. le duc demeureroit, ou en Anjou dans l’une de ses maisons, ou à Montrond, à son choix ; à condition que si elle choisissoit Montrond, qui étoit for-

  1. Le chevalier de La Valette : Jean-Louis, frère naturel du duc d’Epernon.