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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

mais qui vous feront connaître le génie des gens avec qui j’avois à agir. M. Le Tellier, proposant à madame de Chevreuse la translation de messieurs les princes, lui demanda si elle pouvoit s’assurer de moi sur ce point ; et il lui répéta cette demande trois ou quatre fois. Elle comprit à la fin ce qu’il entendoit, et elle lui dit « Je vous entends ; oui, je suis assurée de lui et d’elle : il lui est plus attaché que jamais, et j’agis de si bonne foi en tout ce qui regarde la Reine et le cardinal, que quand cela finira ou diminuera, je vous en avertirai fidèlement. » Le Tellier la remercia bonnement ; et de peur d’être soupçonné d’ingratitude en son endroit, en cachant l’obligation qu’il lui avoit, il en fit la confidence une heure après à Vassé, qu’il trouva apparemment en son chemin, plutôt que les trompettes de la ville. Le jour que madame de Chevreuse fit cette amitié à M. Le Tellier, elle m’en fit une autre. Elle me mena dans le cabinet de l’appartement bas de l’hôtel de Chevreuse ; elle ferma les verrous sur elle et sur moi et elle me demanda si je n’étois pas effectivement de ses amis. Vous vous attendez sans doute à un éclaircissement de ce côté-là nullement… Je l’assurai cependant de ma prudence. Elle prit ma parole, et me dit du fond du cœur « Laigues est quelquefois insupportable. » Cette parole, jointe aux réprimandes impertinentes : qu’il faisoit de temps en temps avec un rechignement…, et aux liaisons un peu trop étroites qu’il me paroissoit prendre avec Le Tellier, m’obligea de tenir un conseil dans le cabinet de madame de Rhodes ; et nous résolûmes, elle, mademoiselle de Chevreuse et moi, de donner un autre amant à la mère. Hacqueville fut mis