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[1650] MÉMOIRES

sur les rangs : il commençoit en ce temps-là à venir très-souvent à l’hôtel de Chevreuse, et il avoit aussi renoué depuis peu avec moi une ancienne amitié de collége. Il m’a dit plusieurs fois qu’il n’auroit pas accepté la commission ; je m’en rapporte. Je n’en pressai pas l’expédition, parce que je n’eus pas la force sur moi-même de solliciter la destitution de l’autre mais je ne m’en trouvai pas mieux, et ce ne fut pas là la première fois que je m’aperçus que l’on paie souvent les dépens de sa bonté.

Le jour que messieurs les princes furent transférés à Marcoussis, maison de M. d’Entragues, bonne à un coup de main, et située à six lieues de Paris, d’un côté où les Espagnols n’eussent pu aborder à cause des rivières, le président de Bellièvre parla fortement au garde des sceaux, et lui déclara en termes formels que s’il continuoit à agir à mon égard comme il avoit commencé, il serait obligé, pour son honneur, de rendre le témoignage qu’il devoit à la vérité. Le garde des sceaux lui répondit assez brusquement « Les princes ne sont plus à la vue de Paris il ne faut pas que le coadjuteur parle si haut. » Vous verrez bientôt que j’eus raison de prendre date de cette parole. Je retourne au parlement.

Le Coudray-Montpensier étant revenu de la cour et de Bordeaux, où Monsieur l’avoit envoyé porter les conditions qu’on a vues ici, n’en apporta pas beaucoup plus de satisfaction que les députés du parlement de Paris. Il fit en pleine assemblée la relation de ce qu’il avoit négocié en l’une et en l’autre dont la substance étoit que lui Coudray-Montpensier, étant arrivé à Libourne où étoit le Roi, avoit envoyé deux