Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

paix fourrée à tous les quarts-d’heure : et je m’imaginai que je remédierois à l’inconvénient que je voyois bien qu’un avis de cette nature pouvoit produire dans un esprit aussi vacillant que celui de M. de Longueville. J’avertis Varicarville de le tenir de près, afin de l’empêcher au moins de faire de méchans traités particuliers : mais je me trompai en ce point, parce que M. de Longueville avoit autant de facilité à croire Antonville dans la fin des affaires, qu’il en avoit à croire Varicarville dans les commencemens. Le premier le portoit continuellement dans les sentimens de la cour ; et le second, qui aimoit la personne du duc, et qui le vouloit faire vivre à l’égard des ministres avec dignité, l’engageoit dans les occasions qui pouvoient flatter un cœur où tout étoit bon, et un esprit où rien n’étoit mauvais que le défaut de fermeté.

Il y avoit six semaines qu’il étoit dans la guerre civile, quand je lui donnai l’avis dont je vous ai parlé. Je vis par la réponse de Varicarville qu’Antonville étoit sur le point de servir son quartier. Il fit quelque temps après un voyage à Saint-Germain, comme je l’ai dit ; et Varicarville m’assura depuis qu’il n’y trouva ni son compte ni celui de son maître : ce qui obligea M. de Longueville de reprendre la grande voie, et de se servir de l’occasion de la conférence de Ruel pour entrer dans un traité. Comme il n’approuvoit pas mes pensées sur tout le détail dont je lui avois toujours fait part, il m’envoya Varicarville pour me faire agréer les siennes, sous prétexte de me faire savoir les tentatives que don Francisco Pizarro lui étoit allé faire de la part de l’archiduc. Nous connûmes, M. de