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[1649] MÉMOIRES

Bouillon et moi, que le gentilhomme que nous venions de dépêcher à Rouen y donneroit la plus agréable nouvelle à M. de Longueville, en lui apprenant que l’on ne prétendoit plus le contraindre sur la matière des traités ; et Varicarville, qui étoit un des hommes de France les plus fermes, me témoigna même de l’impatience que l’on obtînt des passeports pour Antonville, destiné par M. de Longueville à la conférence : tant il étoit persuadé que son maître feroit autant de foiblesses qu’il demeureroit de momens dans un parti qu’il n’avoit pas la force de soutenir. Je reviens à ce qui se passa et au parlement et à la conférence.

Je vous ai dit que les députés retournèrent à Ruel le 16 mars : ils allèrent le lendemain à Saint-Germain, où la seconde conférence se devoit tenir à la chancellerie. Ils ne manquèrent pas de lire d’abord les propositions que ceux du parti avoient faites avec un empressement merveilleux pour leurs intérêts particuliers : propositions que messieurs les généraux, qui ne s’y étoient pas oubliés, avoient toujours stipulé ne devoir être faites qu’après que les intérêts du parlement seroient ajustés. Le premier président fit tout le contraire, sous prétexte de leur témoigner que leurs intérêts étoient plus chers à la compagnie que les siens propres : mais dans la vérité pour les décrier dans le public. Je l’avois prévu, et j’avois insisté, par cette considération, qu’ils ne donnassent leurs mémoires qu’après que l’on seroit demeuré d’accord des articles dont le parlement demandoit la réformation ; mais le premier président les enchanta tellement, que lorsqu’on sut que messieurs les généraux se faisoient