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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

entendre sur leurs intérêts, il n’y eut pas un officier dans l’armée qui ne crût être en droit de s’adresser au premier président pour ses prétentions. M. de Bouillon m’avoua qu’il n’avoit pas assez pesé cet inconvénient, qui jeta un grand air de ridicule sur tout le parti. Je fis des efforts inconcevables pour obliger M. de Beaufort et M. de La Mothe à ne pas donner dans le panneau. L’un et l’autre me l’avoient promis ; mais le premier président et Viole gagnèrent le second par des espérances frivoles. M. de Vendôme envoya en forme sa malédiction à son fils, s’il n’obtenoit au moins la surintendance des mers[1], qui lui avoit été promise à la régence, pour récompense du gouvernement de Bretagne. Les plus désintéressés s’imaginèrent qu’ils seroient les dupes des autres, s’ils ne se mettoient aussi sur les rangs. M. de Retz, qui sut que M. de La Trémouille son voisin y étoit pour le comté de Roussillon, et qu’il avoit même envie d’y être pour le royaume de Naples[2] ne m’a pas encore pardonné

  1. Cette charge fut créée en 1627 en faveur du cardinal de Richelieu, à la place de la dignité de grand amiral, qui fut supprimée par un édit de la même année, avec celle de connétable. Louis XIV supprima en 1669 cette surintendance des mers et de la navigation, et rétablit la charge de grand amiral, qui fut donnée à Louis, comte de Vermandois.
  2. Pour le royaume de Naples : Anne, petite-fille de Frédéric III, roi de Naples, épousa en 1521 François de La Trémouille, prince de Talmont. En 1665, il ne restoit que la ligne de cette princesse, représentée par Henri, duc de La Trémouille, son arrière-petit-fils. En vertu de cette descendance, la maison de La Trémouille fit valoir des prétentions sur le royaume de Naples, comme unique héritière du roi Frédéric III. En 1648, elle avoit obtenu la permission d’envoyer an congrès de Munster un député chargé de réclamer la conservation de ses droits. Ces protestations furent renouvelées dans les congrès subséquens. Il en fut question, pour la dernière fois, au congrès d’Aix-la-Chapelle en 1748.