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[1651] MÉMOIRES

n’est pas dans les formes y est toujours criminel l’égard des particuliers. Je vous confesse que c’est une des rencontres de ma vie où je me suis trouvé le plus embarrassé. Je ne pouvois pas douter que les gens du Roi n’éclatassent le lendemain avec fureur contre cette action je ne pouvois pas ignorer que le premier président ne tonnât ; j’étois très-assuré que Longueil, qui depuis que son frère étoit devenu surintendant des finances avoit renoncé à la Fronde, ne m’épargneroit pas par ses sous-mains, que je connoissois pour être encore plus dangereuses que les déclamations des autres.

Ma première pensée fut d’aller dès les sept heures du matin chez Monsieur le presser de se lever ce qui étoit une affaire et d’aller au Palais ce qui en étoit une autre. Caumartin ne fut pas de cet avis ; et il me dit pour raison que l’affaire dont il s’agissoit n’étoit pas de la nature de celles où il suffit d’être avoué. Je l’entendis d’abord, et j’entrai dans sa pensée. Je compris qu’il y auroit trop d’inconvéniens à faire seulement soupçonner que la chose n’avoit pas été exécutée par les ordres positifs de Monsieur ; et que la moindre résistance qu’il feroit à se trouver à l’assemblée feroit naturellement ce mauvais effet. Je pris la résolution de ne point proposer à Monsieur d’y aller, mais de me conduire toutefois d’une manière qui l’obligeât d’y venir ; et le moyen que je pris pour cela fut que nous nous y trouvassions, messieurs dé Beaufort, de La Mothe et moi, fort accompagnés ; que nous nous y fissions faire de grandes acclamations par le peuple ; qu’une partie des officiers et des colonels dépendans de nous se partageât ; que les