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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

uns vinssent au Palais pour y rendre le concours plus grand ; que les autres fussent chez Monsieur, comme pour lui offrir leurs services dans une conjoncture aussi périlleuse pour la ville qu’auroit été la sortie du Roi ; et que M. de Nemours s’y trouvât en même temps avec messieurs de Coligny, de Langues, de Tavannes, et les autres du parti des princes, qui lui dissent que c’étoit à ce coup que messieurs ses cousins lui devoient leur liberté ; et qu’ils le supplioient d’aller consommer son ouvrage au Palais. M. de Nemours ne put faire ce compliment à Monsieur qu’à huit heures, parce qu’il avoit commandé à ses gens de ne point l’éveiller plus tôt, sans doute pour se donner le temps de voir ce que la matinée produiroit. Nous étions cependant au Palais dès les sept heures et nous observâmes que le premier président gardoit la même conduite : car il n’assembloit point les chambres, apparemment pour voir les démarches de Monsieur. Il étoit à sa place dans la grand’chambre, jugeant les affaires ordinaires ; mais il montroit, par son visage et par ses manières, qu’il avoit de plus grandes pensées dans l’esprit. La tristesse paroissoit dans ses yeux, mais cette sorte de tristesse qui touche et qui, émeut, parce qu’elle n’a rien de l’abattement. Monsieur arriva enfin, mais bien tard, et après neuf heures sonnées, M. de Nemours ayant eu toutes les peines du monde à l’ébranler. Il dit en arrivant, à la compagnie, qu’il avoit conféré la veille avec le garde des sceaux ; et que les lettres de cachet pour la liberté des princes seroient expédiées dans deux heures, et partiroient incessamment. Le premier président prit ensuite la parole, et dit, avec un pro-