Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
[1651] MÉMOIRES

Roi contre le cardinal fut apportée au parlement, pour y être enregistrée ; et elle fut renvoyée avec fureur, parce que la cause de son éloignement étoit couverte et ornée de tant d’éloges, qu’elle étoit proprement un panégyrique. Comme cette déclaration portoit que tous étrangers seroient exclus des conseils, le bon homme Broussel qui alloit toujours plus loin que les autres, ajouta dans son opinion : « Et tous les cardinaux, parce qu’ils font serment au au Pape. » Le premier président, s’imaginant qu’il me feroit un grand déplaisir, admira le bon sens de Broussel et approuva son sentiment. Il étoit fort tard, l’on vouloit dîner la plupart n’y firent point de réflexion ; et comme tout ce qui se disoit et se faisoit en ce temps-là contre le Mazarin, directement, ou indirectement, étoit si naturel qu’il n’eût pas été judicieux de s’y imaginer du mystère, je crois que je n’y eusse pas pris garde, non plus que les autres, si M. de Châlons, qui avoit pris ce jour-là sa place au parlement, ne m’eût dit que lorsque Broussel eut proposé l’exclusion des cardinaux français, et que le parlement eut témoigné par des voix confuses de l’approuver, M. le prince avoit fait paroître beaucoup de joie, et s’étoit écrié « Voilà un bel écho ! » Il faut que je vous fasse ici mon panégyrique. Je pouvois être un peu piqué de ce que le lendemain d’un traité par lequel Monsieur déclaroit qu’il pensoit à me faire cardinal, M. le prince appuyoit une proposition qui alloit directement à la diminution de cette dignité. La vérité est que M. le prince n’y avoit aucune part ; qu’elle se fit naturellement, et ne fut appuyée que parce que rien de tout ce qui s’avançoit contre le Ma-