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[1651] MÉMOIRES

temps même que M. le prince s’y croyoit le maître ; ni de parler à la Reine avec beaucoup de familiarité dès que le traité qu’il croyoit avoir conclu avec Servien et Lyonne fut désavoué. Elle étoit dans le cabinet avec mademoiselle sa fille, le jour que la palatine venoit d’écrire à la Reine le jour que j’irois au Palais. La Reine appela mademoiselle de Chevreuse, et lui demanda si je continuois dans cette résolution. Mademoiselle de Chevreuse lui ayant répondu que j’irois, la Reine la baisa deux ou trois fois, en lui disant : « Friponne, tu me fais autant de bien que tu m’as fait de mal. »

Vous avez vu ci-devant que M. le prince égayoit de temps en temps le parlement, pour se rendre plus considérable à la cour. Quand il sut que le cardinal avoit rompu le traité de Servien et de Lyonne, il n’oublia rien pour l’enflammer, afin de se rendre plus redoutable à la Reine. Il y avoit tous les jours quelque nouvelle scène. Tantôt l’on envoyoit dans les provinces informer contre le cardinal ; tantôt l’on faisoit des recherches de ses effets dans Paris ; tantôt l’on déclamoit dans les chambres assemblées contre les Bertet, les Brachet et les Fouquet, qui alloient et venoient incessamment de Paris à Brulh. Et comme depuis ma retraite j’avois cessé d’aller au parlement, j’aperçus que l’on se servoit de mon absence pour faire croire que je mollissois à l’égard du Mazarin, et que j’appréhendois de me trouver dans les occasions où je pourrois être obligé de me déclarer sur son sujet. Un certain Montardé, méchant écrivain à qui de Vardes avoit fait couper le nez pour je ne sais quel libelle qu’il avoit fait contre madame la maré-