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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

chale de Guébriant sa sœur, s’attacha, pour avoir du pain, à la misérable fortune du commandeur de Saint-Simon, chef des criailleurs du parti des princes ; et m’attaqua par douze ou quinze libelles, tous plus mauvais l’un que l’autre en douze ou quinze jours de temps. Je me les faisois apporter régulièrement sur l’heure de mon dîner, pour les lire publiquement au sortir de table, en présence de tous ceux qui se trouvoient chez moi ; et quand je crus avoir fait connoître suffisamment aux particuliers que je méprisois ces sortes d’invectives, je me résolus de faire voir au public que je les savois relever. Je travaillai pour cela avec soin à une réponse courte, mais générale, que, j’intitulai l’apologie de l’ancienne et légitime Fronde, dont la lettre paroissoit être contre le Mazarin, et dont le sens étoit proprement contre ceux qui se servoient de son nom pour abattre l’autorité royale. Je la fis crier et débiter dans Paris par cinquante colporteurs qui parurent en même temps dans différentes rues, et qui étoient soutenus dans toutes par des gens apostés pour cela. J’allai le même matin au Palais avec quatre cents hommes. Je pris ma place, après avoir fait une profonde révérence à M. le prince, que je trouvai devant le feu de la grand’chambre. Il me salua fort civilement. Il parla dans la séance avec beaucoup d’aigreur contre le transport d’argent hors du royaume par Cantarini, banquier du cardinal. Vous jugez bien que je ne l’épargnai pas non plus, et que tout ce qui étoit de la vieille Fronde se piqua de renchérir sur la nouvelle. Celle-ci en parut embarrassée et Croissy qui en étoit, et qui venoit de lire l’apologie de l’ancienne, dit à Caumartin : « La