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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

de ma dignité ne devoit pas être compris dans le commun. M. de Brissac, qui étoit plus homme du monde que de négociation, n’eut pas l’esprit assez présent ; il répondit qu’il falloit savoir sur cela mes intentions. Il m’envoya un gentilhomme, à qui je donnai un billet en ces termes : « Comme je n’ai rien fait dans le mouvement présent que ce que j’ai cru être du service du Roi et du véritable intérêt de l’État, j’ai trop de raisons de souhaiter que Sa Majesté en soit bien informée à sa majorité, pour ne pas supplier messieurs les députés de ne point souffrir que l’on me comprenne dans l’amnistie. » Je signai le billet, et je priai M. de Brissac de le donner à messieurs les députés du parlement et des généraux, en présence de M. le duc d’Orléans et de M. le prince. Il ne le fit pas, à la prière de M. de Liancourt, qui crut que cette circonstance aigriroit encore plus la Reine contre moi ; mais il en dit la substance, et on ne me nomma point dans la déclaration. Vous ne pourriez croire à quel point cette bagatelle aida à me soutenir dans le public.

Le 30, les députés du parlement retournèrent à Paris.

Le 31, ils firent leur relation au parlement, sur laquelle M. de Bouillon eut des paroles assez fâcheuses avec messieurs les présidens. Les négociations particulières lui avoient manqué ; celles que le parlement avoit faites pour lui ne le satisfaisoient pas, parce que ce n’étoit que la confirmation du traité fait autrefois avec lui pour la récompense de Sedan, dont il ne voyoit pas de garantie bien certaine. Il lui revint le soir quelque pensée de troubler la fête, par une sé-