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qu’elle égaloit, pour ainsi parler, mes engagemens avec ceux de la maison royale. Il fallut enfin y passer. Je n’eus aucune peine à le faire agréer à Monsieur, qui fut si aise de ne se point trouver dans la nécessité de rompre avec M. le prince, même de concert avec la Reine qu’il fut ravi de tout ce qui avoit facilité ce traité. Je vous en dirai la suite, après que je vous aurai suppliée de faire réflexion sur deux circonstances de ce qui se passa dans cette dernière conversation que j’eus avec la Reine.

Il m’arriva, en lui parlant de messieurs Le Tellier, Servien et Lyonne, de les nommer les trois sous-ministres. Elle releva ces mots avec aigreur, en me disant : « dites plutôt les deux. Ce traître de Lyonne peut-il porter ce nom ? c’est un petit secrétaire de M. le cardinal. Il est vrai que parce qu’il l’a déjà trahi deux fois, il pourra être un jour secrétaire d’État. » Cette remarque s’est rendue, par l’événement, assez curieuse.

La seconde est que lorsque j’eus promis à la Reine de ne me point accommoder avec M. le prince dans la suite, quand même Monsieur s’accommoderoit, et que j’eus ajouté que je le dirois moi-même à Monsieur dès le lendemain, elle s’écria plutôt qu’elle ne prononça : « Quelle surprise pour M. Le Tellier ! » Elle se referma tout d’un coup ; et quoique je fisse tout ce qui se pût pour pénétrer ce qu’elle avoit voulu dire je n’en pus rien tirer. Je reviens à Monsieur.

Je le vis, le lendemain au matin chez Madame. Il fut très-satisfait de ma négociation, et me témoigna que l’engagement que j’avois pris en mon particulier avec la Reine ne lui pouvoit faire aucune peine, parce