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elle, que si elle avoit eu l’épée à la main. Il n’est pas possible que dans les conversations que j’ai eues depuis avec M. le prince, je ne me sois éclairci de ce détail mais je ne me souviens nullement de ce qu’il m’en a dit. Ce qui est certain, c’est que la facilité qu’il eut à laisser mettre l’affaire en délibération fit croire à la Reine qu’il la jouoit. Elle me soupçonna ce jour ; là, et encore davantage le lendemain, d’être de la partie. Vous verrez par la suite qu’elle ne me fit pas long-temps cette injustice.

Le lendemain, qui fut le 12, le parlement s’assembla, et M. l’avocat général Talon fit son rapport de l’audience qu’il avoit eue de la Reine. Sa Majesté lui avoit répondu simplement que la seconde lettre de M. le prince ne contenant rien que ce qui étoit dans la première, elle n’avoit rien il ajouter à la réponse qu’elle y avoit faite. M. le duc d’Orléans donna part à la compagnie des conférences qu’il avoit eues la veille avec la Reine et avec M. le prince. Il déclara qu’il n’avoit pu rien gagner ni sur l’une ni sur l’autre. Il se tint couvert au dernier point au sujet des trois ministres, et il crut qu’il satisferoit la Reine par cette modération. Il exagéra même avec emphase les sujets de défiance que M. le prince prétendoit avoir, et il s’imagina qu’il contenteroit M. le prince par cette exagération. Il ne réussit ni en l’un ni en l’autre. La Reine fut persuadée qu’il lui avoit manqué de parole : elle eut assez de raison de le croire, quoique je ne sois pas convaincu qu’il l’ait fait dans le fond. M. le prince se plaignit aussi beaucoup le soir de sa conduite, au moins à ce que M. le comte de Fiesque dit à M. de Brissac. Voilà le sort des gens qui veulent assem-