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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/367

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changez je n’ai rien à vous dire : mais le parlement ne change pas. » La Reine ne fut pas tout ce jour-là de l’opinion du premier président : car il me parut qu’elle crut que l’arrêt se pouvoit interpréter dans la suite, et que peut-être le premier président le pourroit interpréter lui-même dans la remontrance. Elle ne lui faisoit pas justice en cette rencontre, comme vous le verrez dans peu.

Cet arrêt fut donné le 14 juillet 1651 ; et comme messieurs les sous-ministres n’y étoient pas dénommés, il ouvrit un grand champ aux réflexions, et par conséquent aux négociations depuis le 14 jusqu’au 18, qui fut le jour auquel les remontrances furent faites. Je pourrois vous rendre compte de ce qui s’en disoit ; mais comme ce qui s’en disoit n’étoit, à proprement parler, que les bruits ou l’écho de Saint-Maur et du Palais-Royal, jetés apparemment avec dessein dans le monde, je crois que le récit en seroit aussi superflu qu’incertain ; et je me contenterai de vous dire que ce que j’en pus pénétrer dans le moment ne fut qu’un empressement ridicule de négocier dans tous les subalternes des deux partis. Cet empressement, en des conjonctures pareilles, n’est jamais sans négociations : mais il est constant qu’il en produit encore beaucoup plus d’imaginaires que d’effectives. Le hasard y donna lieu, en faisant que les remontrances, faute de la signature de l’arrêt, et de je ne sais quel obstacle fort naturel du côté du Palais-Royal, furent différées jusqu’au 18. Tout ce qui est vide dans les temps de faction et d’intrigue passe pour mystérieux à tous ceux qui ne sont pas accoutumés aux grandes affaires. Ce vide, qui ne