Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/372

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parut justement au moment que nous venions d’apprendre que Marsac en étoit arrivé la nuit ; et nous en sûmes bientôt le détail, qui étoit que le cardinal mandoit à la Reine qu’elle ne devoit pas balancer à éloigner les sous-ministres, et que ses ennemis la servoient en ne donnant point de bornes à leur fureur. Bertet me dit quelques jours après le contenu de la dépêche, qui étoit fort belle. Monsieur revint chez lui, triomphant dans son imagination.

La Reine envoya querir dès le lendemain les députés, pour leur commander de donner part de sa résolution au parlement. Celle que M. le prince prit 21, de venir prendre sa place, étonna Monsieur à un tel point que je ne puis vous l’exprimer, quoiqu’elle ne le dût pas surprendre : je le lui avois prédit plusieurs fois. Il y vint, sur les huit heures du matin, accompagné de M. de La Rochefoucauld et de cinquante à soixante gentilshommes. Comme il trouva la compagnie assemblée pour la réception de deux conseillers, il lui dit qu’il venoit se réjouir avec elle de ce qu’elle avoit obtenu l’éloignement des ministres : mais que cet éloignement ne pouvoit être sûr que par un article qui fût inséré dans la déclaration que la Reine avoit promis d’envoyer au parlement. M. le premier président lui répondit avec un ton fort doux par le récit de ce qui s’étoit passé au Palais-Royal ; et il ajouta qu’il ne seroit ni de la justice ni du respect que l’on devoit à la Reine de lui demander tous les jours de nouvelles conditions ; que la parole de Sa Majesté suffipsoit par elle-même ; qu’elle avoit de plus la bonté d’en rendre le parlement dépositaire qu’il eût été à souhaiter que M. le prince