Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et mademoiselle de Chevreuse, et de souffrir que Maillard, qui fut attrapé sur les degrés de la Sainte-Chapelle, reçût plusieurs volées de coups de bâtons. Voilà la fin d’une des plus délicates aventures qui me soient jamais arrivées dans le cours de ma vie : Elle pouvoit être cruelle et pernicieuse, par l’événement, parce que ne faisant que ce que j’étois obligé de faire vu les circonstances, j’étois perdu presque autant de réputation que de fortune, si ce qui pouvoit naturellement y arriver y fût arrivé. Je concevois tout l’inconvénient, mais je le hasardois : et je ne me suis même jamais reproché cette action comme une faute, parce que je me suis persuadé qu’elle a été de la nature de celles que la politique condamne, et que la morale justifie. Je reviens à la suite des remontrances. La Reine y répondit avec un air plus gai et plus libre qu’elle n’avoit accoutumé. Elle dit aux députés qu’elle enverroit dès le lendemain au parlement la déclaration qu’on lui demandoit contre le cardinal Mazarin et que pour ce qui regardoit M. le prince elle feroit savoir sa volonté à la compagnie, après qu’elle en auroit conféré avec M. le duc d’Orléans. Cette conférence, qui se fit effectivement le soir même, produisit en apparence l’effet que l’on souhaitoit : car la Reine témoigna à Monsieur qu’elle se relâcheroit de ce qu’on lui demandoit à l’égard des sous-ministres, en cas qu’il le désirât véritablement. La vérité est qu’elle affecta de lui faire valoir ce à quoi elle s’étoit résolue dès le matin, beaucoup moins sur les remontrances du parlement que sur la permission qu’elle en avoit reçue de Brulh. Nous nous en doutâmes madame la palatine et moi, parce que son changement