Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/375

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d’exécuter ce à quoi il avoit trouvé bon lui-même que je me fusse engagé. Je vis la Reine le lendemain : je l’assurai que si M. le prince revenoit à Paris, comme on le disoit, accompagné et armé j’y marcherois au même état ; et que pourvu qu’elle continuât de me permettre de parler et d’imprimer, à mon ordinaire, contre le cardinal, je lui répondois que je ne quitterois pas le pavé, et que je le tiendrois sous le titre que, le cardinal et ses créatures étant éloignés, il n’étoit pas juste que l’on continuât à se servir de leurs noms pour anéantir, en vue de quelques intérêts particuliers, l’autorité royale. Je ne puis vous exprimer la satisfaction que la Reine me témoigna. Il lui échappa même de me dire : « Vous me disiez il y a quelque temps, que les hommes ne croient jamais les autres capables de ce qu’ils ne sont pas capables de faire eux-mêmes ; que cela est vrai ! » Je n’entendis pas en ce temps-là ce que cela signifioit. Bertet me l’expliqua depuis, parce que la Reine lui avoit fait le même discours, en se plaignant que les sous-ministres, et particulièrement Le Tellier, qui n’étoit qu’à Chaville, préféroient la haine qu’ils avoient contre moi à son service, et lui mandoient tous les jours que je la trompois ; que c’étoit moi qui faisois agir Monsieur comme il agissoit ; et qu’elle verroit bientôt que je ne tiendrois pas le pavé, ou que je le tiendrois de concert avec le prince. Tout ce que je viens de vous dire se passa du vendredi 21 juillet au dimanche au soir 23. Je reçus, comme j’étois près de me mettre au lit, un billet de madame la palatine, qui me mandoit qu’elle m’attendoit au bout du Pont-Neuf. Je l’y trouvai dans un carrosse de louage que