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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/38

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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

qu’elle n’eût pas d’abord d’inclination pour lui. Mademoiselle de Chevreuse m’a dit depuis qu’elle disoit qu’il ressembloit à Bellerose, qui étoit un comédien qui avoit la mine fade ; qu’elle changea de sentiment avant que de partir de Bruxelles, et qu’elle en fut contente en toutes manières à Cambray. Il l’étoit aussi d’elle. Il nous la prôna comme une héroïne, à qui nous eussions eu l’obligation de la déclaration de M. de Lorraine en notre faveur, si la guerre eût continué, et à qui nous avions celle de la marche de l’armée d’Espagne. Montrésor, qui avoit été pour ses intérêts quinze mois à la Bastille, faisoit ses éloges ; et j’y donnois avec joie, dans la vue d’enlever à madame de Montbazon M. de Beaufort par le moyen de mademoiselle de Chevreuse (du mariage de laquelle avec lui on avoit parlé autrefois), et de m’ouvrir un nouveau chemin pour aller aux Espagnols en cas de besoin. Madame de Chevreuse en fit plus de la moitié pour venir à moi. Noirmoutier et Laigues, qui ne doutoient pas que je ne lui fusse nécessaire, et qui craignoient que madame de Guémené, qui la haïssoit mortellement quoiqu’elle fût sa belle-sœur, ne m’empêchât d’être autant de ses amis qu’ils le souhaitoient, me tendirent un panneau pour m’y engager, et j’y donnai. Le jour qu’elle arriva, ils me firent tenir avec Mademoiselle sa fille un enfant, qui vint au monde tout à propos. Mademoiselle de Chevreuse s’étoit parée de tout ce qu’elle avoit de pierreries : elle étoit belle ; j’étois en colère contre madame de Guémené, qui dès le second jour du siége de Paris s’en étoit allée d’effroi en Anjou. Il arriva le lendemain du baptême une occasion qui lui donna de la reconnois-