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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/433

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aucun intérêt à me la déguiser. En voici le particulier :

M. le prince, qui étoit par son inclination fort éloigné de la guerre civile, parut d’abord à Croissy très-bien disposé à recevoir les propositions qu’il lui portoit de la part de Monsieur ; et avec d’autant plus de facilité que les offres qu’on lui faisoit le laissoient, au moins pour très-long-temps, dans la liberté de choisir entre les partis qu’il avoit à prendre. Il est très-difficile de se résoudre à refuser des propositions de cette nature, particulièrement quand elles arrivent justement dans les instans où l’on est pressé de prendre un parti qui n’est pas de son inclination. Je vous ai déjà dit que celle de M. le prince n’étoit pas à la guerre civile ; et tous ceux qui étoient auprès de lui s’en fussent aussi passés facilement, s’ils eussent pu convenir ensemble des propositions de son accommodement. Chacun l’eût voulu faire pour y trouver son avantage particulier : personne ne se voyoit en état de le pouvoir, parce que personne n’avoit assez de croyance dans son esprit pour exclure les autres de la négociation. Ils conclurent tous la guerre, parce qu’aucun d’eux ne crut pouvoir faire la paix ; et cette disposition générale se joignant à l’intérêt que madame de Longueville trouvoit à être éloignée de monsieur son mari, forma un obstacle invincible à l’accommodement. On ne connoît pas ce que c’est que parti, quand on s’imagine que le chef en est le maître ; son véritable service y est presque toujours combattu par l’intérêt même assez souvent imaginaire des subalternes ; et ce qui est encore plus fâcheux est que quelquefois son honnêteté, et presque toujours sa prudence, prend