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parti avec eux contre lui-même. Croissy me dit plusieurs fois que le soulèvement et l’emportement des amis de M. le prince alla en cette rencontre jusqu’au point de faire entre eux un traité à Montrond, où il étoit allé voir madame sa sœur, par lequel ils s’obligeoient de l’abandonner, et de former un tiers parti sous l’autorité de M. le prince de Conti, au cas que M. le prince s’accommodât avec la cour aux conditions que M. le duc d’Orléans lui avoit fait proposer par lui Croissy. J’aurois eu peine à ajouter foi à ce qu’il me disoit pourtant sur cela avec serment, vu la foiblesse et le ridicule de cette fanatique faction, si ce que j’avois vu incontinent après la liberté de M. le prince ne m’en eût fourni un exemple assez pareil. J’ai oublié de vous dire, en traitant cet endroit, que madame de Longueville, cinq ou six jours après qu’elle fut revenue de Stenay, me demanda en présence de M. de La Rochefoucauld si, en cas de rupture entre les deux frères, je ne me déclarerois point pour M. le prince de Conti. La subdivision est ce qui perd presque tous les partis, particulièrement quand elle est introduite par cette sorte de finesse qui est directement opposée à la prudence ; et c’est ce que les Italiens apellent comedia in comadiâ.

Je vous supplie très-humblement de ne vous point étonner si, dans la suite de cette narration, vous ne trouvez pas la même exactitude que j’ai observée jusqu’ici en ce qui regarde les assemblées du parlement. La cour s’étant éloignée de Paris aussitôt après la majorité du Roi, qui fut le 7 du mois de septembre, pour aller en Berri et en Poitou ; et M. le duc d’Orléans y agissant également entre la Reine et M. le