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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

Leurs ennemis ne les doivent jamais mépriser, parce qu’il n’y a au monde que ces sortes de gens à qui il ne convienne pas quelquefois d’être méprisés.

Ces indispositions firent que M. le prince ne se pressa pas, comme il avoit accoutumé, de prendre cette campagne le commandement des armées. Les Espagnols avoient pris Saint-Venant et Ypres ; et le cardinal se mit dans l’esprit de prendre Cambray. M. le prince, qui ne jugea pas l’entreprise praticable, ne s’en voulut pas charger. Il laissa cet emploi à M. le comte d’Harcourt, qui y échoua ; et il partit pour aller en Bourgogne, en même temps que le Roi s’avança à Compiègne pour pousser avec chaleur le siége de Cambray.

Ce voyage, quoique fait avec la permission du Roi, fit peine au cardinal, et l’obligea à faire couler à M. le prince des propositions indirectes de rapprochement. M. de Bouillon m’a dit qu’il savoit qu’Arnauld, qui avoit été mestre de camp des carabins, et qui étoit fort attaché à M. le prince, s’en étoit chargé. Je ne sais pas si M. de Bouillon en étoit bien informé, et je sais aussi peu quelles suites ces propositions purent avoir. Ce qui me parut est que Mezerolles, négociateur de M. le prince, vint à Compiègne en ce temps-là ; qu’il y eut des conférences particulières avec M. le cardinal ; et qu’il lui déclara au nom de son maître que si la Reine se défaisoit de la surintendance des mers qu’elle avoit prise pour elle à la mort de M. de Brezé son beau-frère, il prétendoit que ce fût en sa faveur, et non en celle de M. de Vendôme, comme le bruit en couroit. Madame de Bouillon, qui croyoit être bien avertie, me dit que