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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

délité et de celle de son amie, je ne voyois pas seulement la fausse négociation que je projetois avec la cour inutile, je la considérois encore comme dangereuse. Elle étoit pourtant nécessaire : car vous jugez bien de quel inconvénient il étoit de laisser l’honneur du retour du Roi au cardinal ou à M. le prince, qui s’en fussent fait une preuve de ce qu’il avoit toujours dit, que nous nous y opposions. Le président de Bellièvre me dit que puisque M. de Beaufort m’avoit manqué au secret sur un point qui me pouvoit perdre, je pouvois lui en faire un de mon côté sur un point qui le pouvoit sauver lui-même ; qu’il y alloit du tout pour le parti ; qu’il falloit tromper M. de Beaufort pour son salut ; que je le laissasse faire, et qu’il me donnoit parole qu’avant qu’il fût nuit il raccommoderoit tout le mal que le manquement de secret de M. de Beaufort avoit causé. Il méprit dans son carrosse, il me mena chez madame de Montbazon, où M. de Beaufort passoit toutes les soirées. Il arriva un moment après nous et M. de Bellièvre fit si bien qu’il répara effectivement ce qui étoit gâté. Il leur fit croire qu’il m’avoit persuadé qu’il falloit songer tout de bon à s’accommoder que la bonne conduite ne vouloit pas que nous laissassions venir le Roi à Paris, sans avoir au moins commencé à négocier ; et que la négociation se devoit faire par nous-mêmes en personne, c’est-à-dire par M. de Beaufort et par moi. Madame de Montbazon, qui prit feu à cette ouverture, et qui crut qu’il n’y avoit plus de péril en ce voyage, puisqu’on vouloit bien effectivement négocier, avança même qu’il seroit mieux que M. de Beaufort y allât. Le président de Bellièvre allégua douze ou quinze raisons, dont il n’y en avoit pas