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[1649] MÉMOIRES

été bien aise toutefois de ne lui donner qu’en espérance. Il lui proposa que le Roi acheteroit le comté de Montbéliard, souveraineté assez considérable et il donna charge à Hervart de ménager cette affaire avec le propriétaire, qui étoit un des cadets de la maison de Wurtemberg. On prétendoit, en ce temps-là, qu’Hervart même avoit averti M. le prince, que sa commission secrète étoit de ne pas réussir dans sa négociation. Ce qui est constant, c’est que M. le prince n’étoit pas content du cardinal, et qu’il ne continua pas seulement, depuis son retour, à traiter fort bien M. de Chavigny, son ennemi capital ; mais qu’il affecta même de se radoucir beaucoup à l’égard des frondeurs. Il me témoigna bien plus d’amitié qu’il n’avoit fait dans les premiers jours de la paix, et il ménagea plus que par le passé monsieur son frère et madame sa sœur. Il me semble que ce fut en ce temps-là qu’il remit M. le prince de Çonti dans la fonction du gouvernement de Champagne, dont il n’avoit encore eu que le titre. Il s’attacha M. l’abbé de La Rivière, en souffrant que monsieur son frère, qu’il prétendoit pouvoir faire cardinal par une pure recommandation, lui laissât la nomination, pour laquelle le chevalier d’Elbène fut dépêché à Rome. Tous ces pas ne diminuoient point les défiances du cardinal, qui étoient fort augmentées par l’attachement que M. de Bouillon avoit pour M. le prince ; mais elles étoient encore aigries, en ce qu’il croyoit que M. le prince favorisoit le mouvement de Bordeaux. Cette ville, tyrannisée par M. d’Epernon, esprit violent, avoitpris les armes, avec l’autorité du parlement, sous le commandement de Çambray et depuis sous celui de